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prenoient saint Pierre pour saint Paul ;
Parce que sous vertes mantilles
Et sous de traîtresses guenilles
Qui receloient maint quart d’écu,
Les maltôtiers montroient le cu
Sans qu’on le sût : tant ces jaquettes
Sur leurs mesures sembloient faites ;
Tant pour eux leur mine parloit,
Et tant rien ne les déceloit ;
Tant avoit de correspondance
Cet état avec leur naissance.
La cour dit qu’on traiteroit mal
Les masques de ce carnaval,
Portant momons hors de la ville :
Permis seulement à Virgile
De sortir ainsi travesti.
Par l’autre arrêt, fut consenti
Qu’on gardât la vieille ordonnance
Pour les soldats, avec défense
Aux gens de guerre de voler,
De brûler ou de violer ;
Ains se contenter de l’étape,
Sans à leurs hôtes donner tape ;
Et que les biens en partiroient
Des chefs qui leur commanderoient.
    Ce jour, les troupes polonaises
Qui ne cherchoient qu’a faire noises
Au bourg de Sevré et de Meudon
(Dieu veuille leur faire pardon !)
Commirent, sans les violences,
Plus d’un demi cent d’insolences.
Dieu, qu’elles ont fait de cocus
Pendant ce malheureux blocus !
Que cette race polonoise,
Mettant Villejuif dans Pontoise,
Nous a laissé d’enfans métis !
Qu’il nous en reste de petits,
Depuis que les grands sont en voie !
Jamais le Grec ne fit dans Troie
Ce que dans Meudon elle a fait ;
Où, sans laisser un seul buffet
Elle rompit avecque rage
Les reliques de ce naufrage ;
Entre autres plusieurs pleins tonneaux,
Tant de vins vieux que de nouveaux :
Action qui fut si vilaine,
Que deux de leurs chefs pour leur peine ;
Par les habitans de ce lieu,
Furent envoyés devant Dieu,
Où je crois qu’ils ne furent guère ;
Car Noé se mit en colère,
Sachant qu’ils avoient maltraité
Le jus d’un fruit par lui planté,
Qui le coucha pour récompense.
    Le jeudi[1], fut lue à l’audience
La lettre que l’on écrivoit,
Le plus humblement qu’on pouvoit,
À la maman de notre sire
Où vous pouvez encore lire
Les raisons que le parlement
Alléguoit de son armement,
Qui sont assez considérables.
    Vendredi[2], contre les notables
Et quelques échevins d’Amiens,
Arrêt fut contre ces chrétiens
Rendu, sur la plainte civile
De l’habitant de cette ville
À la tête caude, et hardi.
L’arrêt portoit, du vendredi
Le vingt et deux de cette année,
Que sur la requête donnée
Sous l’aveu du grand duc d’Elbœuf,
Ce jour-là, vêtu tout de neuf,
L’un de nos chefs, illustre prince,
Gouverneur de cette province,
Que le Picard s’assembleroit,
Et d’autres échevins feroit.
    Ce jour, il arriva deux hommes
De la capitale des pommes,
Qui disoient que leur parlement

  1. 21 janvier.
  2. 22 janvier.