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été marqués par les fourriers du Roi, où ils furent tous. Peu après ledit sieur Saintot alla trouver M. le premier président qui étoit logé au logis de M. Croiset, garde-rôle de la grande chancellerie, qui lui dit, en présence de cinq des messieurs qui étoient pour lors avec lui, que M. le duc d’Orléans attendoit les députés pour commencer la conférence, qui se feroit avec lui, M. le prince, M. le cardinal, M. le chancelier, et les autres du conseil ; que M. le prince seroit à la gauche et le parlement et les autres compagnies ensuite. M. le premier président dit qu’il voyoit d’abord deux difficultés en cette proposition : l’une pour la personne du cardinal et l’autre pour la séance ; qu’il alloit assembler messieurs les députés de toutes les compagnies pour en délibérer. Ce qui ayant été fait à l’instant, il fut résolu qu’on diroit audit sieur Saintot que la compagnie ne pouvoit entrer en conférence avec ledit cardinal. Sur ce ledit sieur Saintot étant revenu dit que la Reine désiroit qu’il y fût ; et que l’ayant choisi pour député le parlement ne devoit le trouver mauvais, puisque l’on n’empêchoit pas que tous les députés ne fussent à la conférence, et que ce n’étoit point aux sujets à donner la loi à leur souverain et qu’on eût à déclarer si l’on n’entendoit pas qu’il y fût : auquel cas M. le duc d’Orléans s’en retourneroit à Saint-Germain. Les députés prévoyant que cette réponse alloit à la rupture de la conférence, prièrent ledit sieur Saintot d’aller dire à M. le duc d’Orléans qu’il trouvât bon que l’assemblée lui rendît ses devoirs, et que deux d’icelle l’informeraient des raisons pour lesquelles la conférence ne pouvoit être faite avec ledit cardinal. M. le duc d’Orléans manda qu’il n’étoit point venu pour recevoir des complimens ; qu’il étoit venu pour donner la paix à la France et que cela pouvoit être fait en demi-heure ; qu’il falloit que le cardinal fût à la conférence. Les députés lui mandèrent qu’ils ne pouvoient le consentir, et qu’ils le prioient de trouver bon que deux des messieurs lui fissent entendre les motifs de l’assemblée. M. Le Tellier fut envoyé de sa part pour apprendre ces motifs, et les demander à M. le premier président, qui lui dit que l’assemblée ne le pouvoit admettre à la conférence, pour ce qu’il avoit été déclaré perturbateur du repos public ; que c’étoit l’ennemi commun ; que c’étoit contre lui que se faisoit la conférence. Ledit sieur Le Teilier dit que