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sonnage que je soutenois. Vous l’allez encore mieux concevoir par le compte que je vous supplie de me permettre que je vous rende de la conduite que je fus obligé de prendre en même temps du côté de la France.

Aussitôt que je fus sorti du château de Nantes, M. le cardinal Mazarin fit donner un arrêt du conseil du Roi, par lequel il étoit défendu à mes grands vicaires de décerner aucuns mandemens sans en avoir communiqué au conseil de Sa Majesté. Quoique cet arrêt tendît à ruiner la liberté qui est essentielle au gouvernement de l’Église, l’on pouvoit prétendre que ceux qui le rendoient affectoient de sauver quelques apparences d’ordre et de discipline, en ce qu’au moins ils reconnoissoient ma juridiction. Ils rompirent bientôt toutes mes mesures, en déclarant mon siége vacant, par un arrêt donné à Peronne : ce qui arriva un mois ou deux avant que le Saint-Siège le déclarât rempli, en me donnant le pallium de l’archevêché de Paris en plein consistoire. On manda en même temps à la cour messieurs Chevalier et L’Avocat, chanoines de Notre-Dame, mes grands vicaires ; et l’on se servit du prétexte de leur absence pour forcer le chapitre à prendre l’administration de mon diocèse. Ce procédé si peu canonique ne scandalisa pas moins l’Église de Rome que celle de la France. Les sentimens de l’une et de l’autre se trouvèrent conformes de tout point. Je les observai, et même je les fortifiai avec application[1] ; et après que je leur eus laissé tout le temps que je crus nécessaire vu le flegme du pays

  1. Je les fortifiai avec application : L’auteur a soin de ne point parler de ses relations avec les jansénistes de Paris. Dans le même temps ces derniers composèrent pour lui une lettre qu’il adressa aux évêques