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sion et profanation, que deux bâtards de l’abbé Fouquet étoient publiquement nourris et entretenus chez la portière de l’archevêché, sur un fond pris de cette recette. On n’avoit oublié aucune des précautions qui pouvoient empêcher mes fermiers de me secourir ; et l’on avoit pris toutes celles qui devoient obliger mes créanciers à m’inquiéter par des procédures qui leur eussent été inutiles dans le temps, mais dont les frais eussent retombé sur moi dans la suite.

L’application qu’eut l’abbé Fouquet sur ce dernier article ne lui réussit qu’à l’égard d’un boucher, aucun de mes autres créanciers n’ayant voulu branler. Celle du cardinal Mazarin eut plus d’effet sur les autres chefs. Les receveurs de l’archevêché ne m’assistèrent que très-foiblement ; quelques uns même de mes amis prirent le prétexte des défenses du Roi pour s’excuser de me secourir. M. et madame de Liancourt envoyèrent à M. de Châlons deux mille écus quoiqu’ils en eussent offert vingt mille à mon père, de qui ils étoient les plus particuliers et les plus intimes amis ; et leur excuse fut la parole qu’ils avoient donnée à la Reine. L’abbé Amelot, qui se mit dans la tête d’être évêque par la faveur de M. le cardinal Mazarin, répondit, à ceux qui lui voulurent persuader de m’assister, que j’avois témoigné tant de distinction à M. de Caumartin dans la visite qu’ils m’avoient rendue l’un et l’autre à Nantes qu’il ne croyoit pas qu’il se dût brouiller pour moi avec lui au moment qu’il lui donnoit des marques d’une estime particulière. M. de Luynes, avec lequel j’avois fait une amitié assez étroite depuis le siége de Paris, crut qu’il y satisferoit en me faisant tenir six mille li-