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le déclarant criminel ; quand on pense que ces villes, dont le branle naturel est de suivre celui du parlement, font justement comme lui ; et quand on songe que ces gens de guerre n’ont de mouvement que par des ressorts qui, par la considération des égards que Son Altesse Royale observe vers le parlement, ont une infinité de rapports avec un corps dont la pratique journalière est de condamner ce mouvement ? Il paroît aux étrangers que Monsieur conduit le parlement, parce que cette compagnie déclame comme lui contre le cardinal. Dans le vrai, le parlement conduit Monsieur, parce qu’il sait que Monsieur ne se sert que très-médiocrement des moyens qu’il a en main pour nuire au cardinal. L’appréhension de déplaire à ce corps est l’un des motifs qui l’ont empêché de faire agir ses troupes, et de travailler aussi fortement qu’il le pouvoit à en faire de nouvelles. La même politique voudra qu’il compense la jonction qu’il va faire de ses régimens avec l’armée de M. de Nemours, par la complaisance et même par l’approbation qu’il donnera par sa présence à toutes les délibérations que l’on fera, même avec fureur, contre leur marche. Ainsi il offensera la Reine, il outrera le cardinal, il ne satisfera pas M. le prince, il ne contentera pas les frondeurs. Il sera agité par toutes ces vues, encore plus qu’il ne l’a été jusqu’ici, parce que les objets qui les lui donnent se grossiront à tous les instans ; et la catastrophe de la pièce sera le retour d’un homme dont la ruine est crue si facile, que le rétablissement n’en peut être que trop honteux. J’ai pris la liberté de proposer à Son Altesse Royale