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rels, mais qu’il y faisoit encore le souverain pontife, en m’interdisant les églises françaises. L’étoffe étoit large : je ne m’en fis pas faute. Le Pape, à qui M. de Lyonne s’étoit plaint, avec un éclat qui passa jusqu’à l’insolence, de la concession du pallium, me parut fort embarrassé. Il parla beaucoup contre le cardinal d’Est ; il déplora la misérable coutume (ce fut son mot) qui avoit assujetti plutôt qu’attaché les cardinaux aux couronnes, jusqu’au point d’avoir formé entre eux-mêmes un schisme scandaleux. Il s’étendit avec emphase sur la thèse ; mais j’eus mauvaise opinion de mon affaire quand je vis qu’il demeuroit si long-temps sur le général sans descendre au particulier ; et je m’aperçus aussitôt que ma plainte n’étoit pas vaine, parce qu’il s’expliqua enfin, après beaucoup de circonlocutions, en ces termes : « La politique de mes prédécesseurs ne m’a pas laissé un champ aussi libre que mes bonnes intentions le mériteroient. Je conviens qu’il est honteux au collége et même au saint-siége, de souffrir la licence que le cardinal d’Est ou plutôt le cardinal Mazarin se donne en ce rencontre. Mais les Espagnols eurent une prise presque pareille sous Innocent à l’égard du cardinal Barberin et même sous Paul v, le maréchal d’Estrées n’agit guère mieux envers le cardinal Borghèse. Ces exemples, dans un temps ordinaire, n’autoriseroient pas le mal, et je les saurois bien redresser ; mais vous devez faire réflexion, charo mio signor cardinale, que la chrétienté est toute en feu ; qu’il n’y a que le pape Alexandre qui le puisse éteindre ; qu’il est obligé par cette raison, en beaucoup de rencontres, de fermer les