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ai jamais trouvé. L’on y est même si éloigné du soupçon de ces vengeances dont l’erreur commune charge l’Italie, qu’il est assez ordinaire que l’excluant y boive à son dîner du vin que l’exclus du matin lui vient d’envoyer. Enfin j’ose dire qu’il n’y a rien de plus sage ni de plus grand que l’extérieur ordinaire d’un conclave. Je sais bien que la forme qui s’y pratique depuis la bulle de Grégoire contribue beaucoup à le régler : mais il faut avouer qu’il n’y a que les Italiens au monde capables d’observer cette règle avec autant de bienséance qu’ils le font. Je reviens à la suite de ma narration.

Vous croyez aisément que je ne manquai pas dans le cours du conclave de prendre les sentimens de M. le cardinal Chigi et de mes amis de l’escadron, sur la conduite que j’avois à tenir après que j’en serois sorti. Je prévoyois qu’elle seroit assez difficile, et du côté de Rome, et du côté de France ; et je connus, dès les premières conversations, que je ne me trompois pas dans ma prévoyance. Je commencerai par les embarras que je trouvai à Rome, que j’expliquerai de suite, pour ne point interrompre le fil du récit ; et je ne reviendrai à ce que je fis du côté de France qu’après que je vous aurai exposé la conduite que je pris en Italie. Mes amis, qui n’étoient nullement parties en ce pays-là, et qui selon le génie de notre nation, qui traite toutes les autres par rapport à elle, s’imaginoient qu’un cardinal persécuté pouvoit et devoit même vivre presque en homme privé à Rome, m’écrivoient par toutes leurs lettres qu’il étoit de la bienséance que je demeurasse toujours dans la maison de la Mission, où je m’étois effective-