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les cardinaux de la faction ; il est au moins certain qu’elle ne fut pas relevée. Je leur en laissai tout le temps, afin de ne faire paroître ni précipitation ni affectation. Comme je vis qu’ils demeuroient tous dans un profond silence, je me levai, je sortis de ma place ; et, en m’avançant du côté de M. le cardinal doyen, je m’opposai en forme à l’article du mémorial, dans lequel le roi Catholique étoit appelé fils aîné de l’Église. Je mandai acte de mon opposition et on me l’accorda en bonne forme, signé de quatre maîtres des cérémonies. M. le cardinal Mazarin eut la bonté de dire au Roi et à la Reine mère, en plein cercle, que cette pièce avoit été concertée avec l’ambassadeur d’Espagne, pour m’en faire honneur en France. Il n’est jamais honnête à un ministre d’être imposteur ; mais il n’est pas même politique de porter l’imposture au delà de toutes les apparences.

Je ne puis finir cette matière des conclaves sans vous en faire une peinture qui vous les fasse connoître, et qui efface l’idée que vous avez sans doute prise sur le bruit commun, et peut-être sur la lecture de ces relations fabuleuses qui en ont été faites. Ce que je viens même de vous exposer de celui d’Alexandre vii ne vous en aura pas détrompée, parce que vous y avez vu des murmures, des plaintes, des aigreurs ; et c’est ce qu’il est, à mon opinion, nécessaire de vous expliquer. Il est certain qu’il y eut dans ce conclave plus de ces murmures, de ces plaintes et de ces aigreurs qu’en aucun autre que j’aie jamais vu. Il ne l’est pas moins qu’à la réserve de ce qui se passa entre M. le cardinal Jean-Charles et moi, dont je vous ai rendu compte, d’une parole encore sans