Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

m’avoit offert à Saint-Sébastien ; qu’il n’osoit, par cette raison, me presser de recevoir ce que le pagador[1] des galères avoit ordre de m’apporter ; mais que comme il savoit que la précipitation de mon voyage ne m’avoit pas permis de me charger de beaucoup d’argent, que j’étois fort libéral, et que je ne serois pas fâché de faire quelque régal à la chiourme, il espéroit que je ne refuserois pas quelques petits rafraîchissemens pour elle. Ce rafraîchissement consistoit en six grandes caisses pleines de toutes sortes de confitures de Valence ; de douze douzaines de paires de gants exquis et d’une bourse de senteur dans laquelle il y avoit deux mille pièces d’or, fabrique des Indes, qui reviennent à deux mille cinq cents ou six cents pistoles. Je reçus le présent sans en faire aucune difficulté en lui répondant que comme je ne me trouvois pas en état de servir Sa Majesté Catholique, je croyois que je manquerois à mon devoir en toutes manières, si je recevois les grandes sommes qu’elle avoit eu la bonté de me faire apporter à Saint-Sébastien, et offrir à Vivaros ; mais que je croirois aussi manquer au respect que je devois à un aussi grand monarque, si je n’acceptois le dernier présent dont il m’honoroit. Je le reçus donc ; mais je donnai, avant que de m’embarquer, les confitures au capitaine de la galère, les gants à don Fernand, et l’or à don Pedro pour M. le baron de Vateville, en lui écrivant que comme il m’avoit dit plusieurs fois qu’il étoit assez embarrassé à cause de l’extrême dépense qui étoit nécessaire pour faire achever l’Amiral des Indes d’occident, qu’il faisoit construire

  1. Pagador : Payeur.