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avec la facilité qui m’étoit assez naturelle, et la liberté que M. le maréchal de La Meilleraye me laissoit avec les dames de la ville, qui, étant à la vérité très-entière, m’étoit d’un fort grand soulagement. Ce n’est pas que l’exactitude de la garde ne fût égale à l’honnêteté : on ne me perdoit jamais de vue que quand j’étois retiré dans ma chambre ; et l’unique porte qui étoit à cette chambre étoit gardée par six gardes jour et nuit. Il n’y avoit qu’une fenêtre très-haute, qui répondoit de plus dans la cour dans laquelle il y avoit toujours un grand corps de garde ; et celui qui m’accompagnoit toutes les fois que je sortois, composé de ces six hommes dont j’ai parlé ci-dessus, se postoit sur la terrasse d’une tour d’où il me regardoit, quand je me promenois dans un petit jardin qui est sur une manière de bastion ou de ravelin qui répond sur l’eau. M. de Brissac qui se trouva dans le château de Nantes à la descente du carrosse, et messieurs de Caumartin, de Hacqueville abbé de Pontcarré, et Amelot, qui y vinrent bientôt après, furent plus étonnés de l’exactitude de la garde qu’ils ne furent satisfaits de la civilité, quoiqu’elle fût très-grande. Je vous confesse que j’en fus moi-même fort embarrassé, particulièrement quand j’appris, par un courrier de l’abbé Charier, que le Pape ne vouloit pas agréer ma démission : ce qui me fâcha beaucoup, parce que l’agrément du Pape ne l’eût pas validée, et m’eût toutefois donné ma liberté. Je dépêchai en diligence à Rome Malclerc, qui a l’honneur d’être connu de vous, et je le chargeai d’une lettre par laquelle j’expliquois au Pape mes véritables intérêts ; je donnai de plus une instruction très-ample à Malclerc,