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Et ce qui me fait trembler, c’est la résolution qu’on a eue de parler ainsi. Les grandes âmes disent quelquefois, pour leurs fins, de ces sortes de choses sans les faire ; les basses ont plus de peine à les dire qu’à les faire. Vous croyez que la conclusion que je veux tirer de ce que je viens de vous dire sera qu’il faut que vous donniez votre démission : nullement. Je suis venu ici pour vous dire que vous êtes déshonoré si vous donnez votre démission ; que c’est en cette occasion où vous êtes obligé de remplir, au péril de votre vie et de votre liberté, que vous estimez assurément plus que votre vie, la grande attente où tout le monde est sur votre sujet. Voici l’instant où vous devez plus que jamais mettre en pratique les apophtegmes dont nous vous avons tant fait la guerre. Je compte le fer et le poison pour rien ; rien ne me touche que ce qui est dans moi ; on meurt également partout. Voilà justement comme il faut répondre à ceux qui vous parleront de votre démission. Vous vous en êtes dignement acquitté jusqu’ici, et l’on auroit tort de s’en plaindre : je n’en aurois pas moins, si je prétendois vous obliger à changer de sentiment. Ce n’est pas ce que je vous demande : ce que je souhaite est que vous me disiez bonnement si, en cas que vous puissiez avoir votre liberté pour une feuille de chêne, vous consentez à l’accepter. » Je souris à cette parole. « Attendez, me dit-il ; je vais vous faire avouer que cela n’est pas impossible. Une démission de l’archevêché de Paris, datée du bois de Vincennes, est-elle bonne — Non, lui répondis-je ; mais vous voyez aussi que l’on ne s’en contente pas et que l’on veut des cau-