Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

convaincant des ménagemens que j’avois pour M. le prince ; et ce que je ne faisois dans le vrai que par un pur principe d’honnêteté, à laquelle je suis encore persuadé que j’étois obligé, passa dans son esprit pour une conviction des mesures que j’avois prises avec lui, ou que j’allois prendre. Rien n’étoit plus faux, mais rien n’étoit plus cru ; et il le fut au point que la Reine se résolut de jouer à quitte ou à double, et de me faire périr.

Touteville, capitaine aux gardes, l’un des satellites de l’abbé Fouquet, loua une maison assez proche de celle de madame de Pommereux, dans laquelle il pût poster des gens pour m’attaquer. Du Fay, officier dans l’artillerie, et l’un de ces ridicules conjurés du Palais-Royal, fit des tentatives auprès de Pean, qui étoit à cette heure-là mon contrôleur, et que vous avez vu depuis mon maître d’hôtel, pour l’obliger à lui donner avis des heures nocturnes dans lesquelles l’on croyoit que je sortois. Pradelle eut un ordre, signé de la main du Roi, de m’attaquer dans les rues, et de me prendre mort ou vif. Celui qui fut donné au maréchal de Vitry, lorsqu’il tua le maréchal d’Ancre, n’étoit pas plus précis. Je n’ai su celui de Pradelle que depuis mon retour en France des pays étrangers, par le moyen de M. l’archevêque de Reims, qui dit, il y a deux ou trois ans, à messieurs de Châlons et de Caumartin, qu’il l’avoit vu en original. J’eus quelque vent, dans le temps même, du dessein de Touteville ; et je ne le considérois que comme une vision d’un écervelé qui se plaignoit de moi, parce que j’avois servi contre lui un de mes amis, pour la recherche d’une certaine madame Darmet. Je devois au