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convient à un homme qui s’est mêlé d’aussi grandes affaires que moi. Il n’y a guère de matières où le scrupule soit plus inutile. Je n’en souffris pas en effet par l’événement, dans l’occasion dont il s’agit ; mais j’en avois déjà assez souffert par la prévoyance.

La troisième espèce d’amis que j’avois en ce temps-là étoit un nombre choisi de gens de qualité qui étoient unis avec moi et d’intérêt et d’amitié, qui étoient de mon secret, et avec lesquels je concertois de bonne foi ce que j’avois à faire. Ceux-là étoient messieurs de Brissac, de Bellièvre et de Caumartin ; parmi lesquels M. de Montrésor comme je vous l’ai déjà dit, se mêloit, par la rencontre de beaucoup d’affaires précédentes auxquelles il avoit eu part. Il n’y en avoit pas un dans ce petit nombre qui ne fût en droit d’y prétendre. La qualité de M. de Brissac et l’attachement qu’il avoit pour moi dans les affaires les plus épineuses, m’obligeoient à préférer ses intérêts aux miens propres ; et d’autant plus qu’il n’avoit pas profité de ce qu’il avoit stipulé pour lui, quand messieurs les princes furent arrêtés, touchant le gouvernement d’Anjou. Ce ne fut à la vérité ni la faute de la cour ni la mienne, le traité qu’il en avoit commencé n’ayant manqué que par le défaut d’argent, qu’il ne put fournir : mais enfin il n’avoit rien, et il étoit juste, au moins à mon égard, qu’il fût pourvu. M. le président de Bellièvre avoit dès ce temps-la des vues pour la première présidence ; mais comme il étoit homme de bon sens, il n’y pensa plus dès qu’il vit que la cour prenoit le dessus ; et dès le jour que Monsieur et M. le prince envoyèrent à Saint-Germain messieurs de Rohan, de Chavigny et Goulas, il me