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si les différens intérêts ou plutôt les différentes visions de mes amis ne m’eussent forcé à prendre une conduite qui me fit périr, par la pensée qu’elle donna que je voulois tenir contre le vent. Pour vous faire entendre ce détail, qui est assez curieux, il est, à mon avis, nécessaire que je vous fasse celui qui concerne un certain nombre de gens que l’on appeloit mes amis ; je dis : que l’on appeloit, parce que tous ceux qui passoient pour tels dans le monde ne l’étoient pas.

Par exemple, je n’avois pas rompu avec madame de Chevreuse ni avec Laigues ; Noirmoutier n’avoit rien oublié des avances qu’il m’avoit pu faire pour se raccommoder avec moi, et les instances de tous mes amis m’avoient obligé de le recevoir, et de vivre civilement avec lui. Montrésor, qui à toutes fins m’avoit déclaré cent fois en sa vie qu’il n’étoit dans mes intérêts qu’avec subordination avec ceux de la maison de Guise, ne laissoit pas de prétendre droit à pouvoir entrer dans mes affaires, parce qu’enfin il avoit été du secret de quelques-uns. Ce droit, qui est, proprement celui de s’intriguer pour négocier, lui étoit commun avec ces autres que je viens de vous nommer immédiatement devant lui. Il ne s’en servit pas en cette dernière occasion comme les autres, quoiqu’il en parlât autant et plus qu’eux. Il se contenta de prôner chez moi les soirs sur un ton fâcheux ; mais il ne fit point de mauvais pas du côté de la cour, comme fit M. de Noirmoutier, qui pour se faire valoir à M. le cardinal Mazarin, qu’il alla voir sur la frontière, lui montra une lettre de moi avec une fausse date par laquelle je l’avois chargé autrefois d’une commission qu’il rapportoit au temps présent. M. le cardinal se douta de