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« Je crois, monsieur, que je devrois en effet parler à cette occasion comme M. le doyen : mais comme M. le doyen quand il opina à faire des prières de quarante heures. Je ne sache guère d’occasions où l’on en ait eu plus de besoin. Elles me seroient encore, monsieur, bien plus nécessaires qu’à un autre, parce que je ne puis être d’aucun avis qui n’ait des apparences cruelles, et même des inconvéniens terribles. Si mon sentiment est que vous souffriez le traitement injurieux que l’on vous fait, le public, qui va toujours au mal n’aura-t-il pas un sujet ou prétexte de dire que je trahis vos intérêts, et que mon avis ne sera que la suite de tous les obstacles que j’ai mis au dessein de M. le prince ? Si j’opine à ce que Votre Altesse Royale désobéisse et suive les vues de M. de Beaufort, pourrois-je m’empêcher de passer pour un homme qui souffle de la même bouche le chaud et le froid ; qui veut la paix quand il espère d’en tirer ses avantages en la traitant ; qui veut la guerre quand on n’a pas voulu qu’il la traitât ; qui conseille de mettre Paris à feu et à sang, et d’attacher ce feu à la porte du Louvre, en entreprenant sur la personne du Roi ? Voilà monsieur, ce que l’on dira, et ce que vous-même pourrez croire en de certains momens. J’aurois lieu, après avoir prédit à Votre Altesse Royale, peut-être plus de mille fois, qu’elle tomberoit par ses incertitudes en l’état où elle se voit ; j’aurois, dis-je, lieu de la supplier, avec tout le respect que je lui dois, de me dispenser de lui parler sur une matière qui est moins en son entier à mon égard, qu’à l’égard d’homme qui vive. Je ne me