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Le 11, Monsieur promit à la compagnie de tirer la démission du gouvernement de Paris de M. de Beaufort ; et messieurs Doujat et Sévin y donnèrent la relation des plaintes qu’ils avoient faites la veille à M. le duc d’Orléans des désordres des troupes, contre la parole qui leur avoit été donnée de les faire retirer. M. de Lorraine, que je trouvai ce jour-là dans la rue Saint-Honoré, et qui avoit failli à être tué par les bourgeois de la garde de la porte Saint-Martin, parce qu’il vouloit sortir de la ville, releva de toutes ses couleurs l’uniformité de cette conduite. Il me dit qu’il travailloit à un livre qui porteroit ce titre, et qu’il le dédierait à Monsieur. « Ma pauvre petite sœur en pleurera, ajouta-t-il ; mais qu’importe ? elle s’en consolera avec mademoiselle Claude[1] »

Le 12, Monsieur fit beaucoup d’excuses au parlement de ce que les troupes ne s’éloignoient pas avec autant de promptitude qu’elles auroient fait sans les mauvais temps. Vous êtes sans doute fort étonnée de ce que je parle en cette façon de ces mêmes troupes, qui huit ou dix jours auparavant étoient publiquement, avec leurs écharpes rouges et jaunes, sur le pavé, en état de combattre même avec avantage celles du Roi. Un historien qui écriroit les temps plus éloignés de son siècle chercheroit des liaisons à des incidens aussi peu vraisemblables et aussi contradictoires, si l’on peut parler ainsi ; que le sont ceux-là. Il n’y eut pas plus d’intervalle que celui que je vous ai marqué entre les uns et les autres ; il n’y eut pas plus de mystère. Tout ce que les politiques du vulgaire se

  1. Claude de Lorraine. Elle avoit épousé le cardinal François de Lorraine son cousin germain frère de Charles iv. (A. E.)