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renne. Prévôt, chanoine de Notre-Dame et conseiller au parlement de Paris, autant fou qu’un homme le peut être, au moins de tous ceux à qui on laisse la clef de leur chambre, se mit dans l’esprit de faire une assemblée, au Palais-Royal, des véritables serviteurs du Roi : c’étoit le titre. Elle fut composée de quatre ou cinq cents bourgeois, dont il n’y en avoit pas soixante qui eussent des manteaux noirs. Prévôt dit donc qu’il avoit reçu une lettre de cachet du Roi, qui lui commandoit de faire main basse sur tous ceux qui auroient de la paille au chapeau, et qui n’y mettroient pas du papier. Il lut effectivement cette lettre et voilà le commencement de la plus ridicule levée de boucliers qui se soit faite depuis la procession de la Ligue. Le progrès fut que toute cette compagnie fut huée comme l’on hue les masques en sortant du Palais-Royal, le 24 septembre ; et que le 26, M. le maréchal d’Etampes, qui y fut envoyé par Monsieur, les dissipa par deux ou trois paroles. La fin de l’expédition fut qu’ils ne s’assembleroient plus, de peur d’être pendus : comme ils en furent menacés le même jour par un arrêt du parlement, qui porta défenses, sur peine de la vie, de s’assembler et de prendre aucune marque. Si Monsieur et M. le prince se fussent servis de cette occasion, comme ils le pouvoient, le parti du Roi étoit exterminé ce jour-là dans Paris pour très-long-temps. Le Maire, parfumeur, qui étoit un des conjurés, courut chez moi, pâle comme un mort, et tremblant comme la feuille. Je me souviens que je ne le pouvois rassurer, et qu’il se vouloit cacher dans la cave. Je pouvois moi-même avoir peur : car comme on savoit que je n’étois pas dans les intérêts de M. le prince, le