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est d’exécuter avec vigueur ces déclarations, et de faire la guerre comme si l’on ne devoit jamais penser à faire la paix. Le pouvoir que Son Altesse Royale a dans le peuple me fait croire, même sans en douter, que tout ce que je viens de proposer est possible ; mais j’ajoute qu’il ne le sera plus dès qu’elle n’y emploiera pas toute son autorité, parce que les démarches contraires qu’elle a laissées faire vers la cour ont rendu plus difficiles celles qui lui sont présentement nécessaires. C’est à elle à considérer ce qu’elle peut attendre de M. le prince, ce qu’elle en doit craindre, jusques où elle veut aller avec les étrangers où elle s’en veut tenir avec le parlement, ce qu’elle veut résoudre sur l’hôtel-de-ville car, à moins que de se fixer sur tous ces points d’y prendre des résolutions certaines, de ne s’en départir point, et de se résoudre à ne plus garder ces tempéramens qui prétendent l’impossible et prétendent de concilier les contradictoires, Monsieur retombera dans tous les inconvéniens où il s’est vu, et qui seront sans comparaison plus dangereux que par le passé, en ce que l’état où sont les choses fait qu’ils seront décisifs. Il ne m’appartient pas de décider sur une matière de cette conséquence ; c’est à monsieur à se résoudre : sola mihi obsequii gloria relicta est. »

Voilà ce que j’écrivis à la hâte et presque d’un trait de plume sur la table du cabinet des livres du Luxembourg. Monsieur le lut avec application. Il le porta à Madame ; on raisonna sur le fond tout le soir ; l’on ne conclut rien ; Monsieur balançant toujours, et ne choisissant point.