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qu’elle espéroit qu’il contribueroit à mettre les dispositions nécessaires au retour du Roi qu’elle l’en prioit et qu’elle ne feroit pas un pas sans concerter avec lui. Sur. quoi je lui répondis : « Je crois, madame qu’il auroit été à propos de commencer dès aujourd’hui. » Elle rompit le discours.

J’eus sujet de me consoler des railleries de M. l’abbé Fouquet, par la manière dont je fus reçu à Paris. J’y entrai avec un applaudissement incroyable, et j’allai descendre au Luxembourg, où je rendis compte à Monsieur de ma négociation. Il faillit à tomber de son haut, il s’emporta, il pesta contre la cour, il entra vingt fois chez Madame, et il en sortit autant de fois ; et puis il me dit tout d’un coup : « M. le prince s’en veut aller, M. le comte de Fuensaldagne lui mande qu’il a ordre de lui remettre entre les mains toutes les forces d’Espagne ; mais il ne le faut pas laisser partir ; ces gens-là nous viendront étrangler dans Paris. Il faut que la cour y ait des intelligences que nous ne connoissons pas. Pourroit-elle agir comme elle fait, si elle ne sentoit ses forces ? »

Voilà l’une des moindres périodes d’un discours de Monsieur, qui dura plus d’une grande heure. Je ne l’interrompis pas et même quand il m’interrogeait je ne répondois que par monosyllabes. Il s’impatienta à la fin, et me commanda de lui dire mon sentiment, en ajoutant : « Je vous pardonne vos monosyllabes, quand je fais ce qu’il plaît à M. le prince contre vos sentimens ; mais quand je suis votre sentiment, comme je l’ai fait en cette occasion, je veux que vous me parliez à fond. — Il est juste, monsieur, lui répondis-je, que je parle toujours ainsi à Votre Al-