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de vous qui les empêche d’agir comme des hommes ; car il est vrai, continua-t-elle, que ce que j’en ai vu cette nuit n’est pas humain. » J’y donnai les mains, pourvu qu’elle ne parlât que comme d’elle-même ; car il est vrai qu’après ce qui m’avoit paru de leurs manières d’agir, je ne pouvois pas me résoudre à aller aussi loin que je l’avois résolu, et que j’en avois le pouvoir. Elle y suppléa ; elle ne dit pas seulement à la Reine ce qui s’étoit passé la nuit chez elle, mais elle y ajouta ce qu’il n’avoit tenu qu’à ces messieurs qui s’y fût passé. Enfin elle l’assura que, moyennant ce que je vous ai marqué ci-dessus, Monsieur abandonneroit M. le prince et se retireroit à Blois ; après quoi il ne se mêleroit plus de ce qui pourroit arriver. C’étoit là le grand mot, et qui devoit décider. La Reine l’entendit, et même le sentit. Tous les subalternes entreprirent de le lui vouloir faire passer pour un piège, en lui disant que Monsieur ne donnoit cette lueur que pour attirer et tenir le Roi dans Paris, au moment même que lui Monsieur s’y donneroit une nouvelle autorité, par l’honneur qu’il s’y donnoit du retour du Roi, très-agréable au public, et par la porte que l’on voyoit qu’il affectoit de se réserver en ne s’expliquant point sur celui de M. le cardinal Mazarin. J’ai déjà remarqué que je connus clairement que ce raisonnement étoit moins l’effet d’aucune défiance qu’ils eussent en effet sur une matière qui commençoit à être éclaircie par l’état des choses, que de la crainte que chacun d’eux avoit en son particulier de faire quelques pas vers moi que son compagnon pût interpréter auprès du cardinal ; et il est aisé de juger que si la conduite qu’ils tinrent en cette occasion