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que l’on faisoit au parlement de le croire capable d’une jonction qui produiroit infailliblement la guerre civile. La tendresse de cœur pour l’autorité royale saisit tout d’un coup toutes les imaginations. L’on poussa les voix jusqu’à la clameur contre la proposition du pauvre maréchal d’Etampes, et on la rejeta avec fureur de la même manière que si elle n’eût pas été avancée peut-être plus de cinquante fois depuis six semaines par trente conseillers ; de la même manière que si le parlement n’eût pas remercié Monsieur, dans toutes les séances, des obstacles qu’il apportoit au retour du cardinal ; et enfin de la même manière que si les gens du Roi même n’eussent pas conclu, en deux ou trois manières différentes, à le prier de faire marcher ses troupes pour cet effet. Il faut revenir à ce que je vous ai déjà dit quelquefois, que rien n’est plus peuple que les compagnies.

M. le duc d’Orléans, qui étoit présent à cette scène, en fut atterré ; et ce fut ce qui le détermina à joindre ses troupes à celles de M. le prince. Il y avoit long-temps qu’il les lui faisoit espérer, et parce qu’il n’avoit pas la force de les lui refuser, et parce qu’il en étoit pressé au dernier point par M. de Beaufort, qui y avoit un intérêt personnel en ce qu’il les devoit commander. Mais il m’avoua, le soir du jour dans lequel ce ridicule acte se joua, qu’il avoit eu bien de la peine à s’y résoudre ; mais qu’il confessoit que puisqu’il n’y avoit rien à espérer du parlement, qui se perdroit lui-même, et qui perdroit aussi tous ceux qui étoient embarqués avec lui, il ne falloit pas laisser périr M. le prince : et peu s’en fallut qu’il ne me proposât de me raccommoder même avec lui. Il