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une autre que j’estimois beaucoup davantage, parce que je la croyois beaucoup moins inutile à son service que l’autre : que c’étoit celle d’envoyé de Monsieur, qui m’avoit commandé d’assurer Sa Majesté qu’il étoit dans la résolution de la servir réellement, effectivement, promptement et sans aucun délai et en proférant ce dernier mot, je tirai de ma poche un petit billet signé Gaston, qui contenoit ces mêmes paroles. Le premier mouvement de la Reine fut d’une joie extraordinaire ; et cette joie, à mon opinion, tira d’elle plus que de l’art (quoi que l’on en ait voulu dire depuis) ces propres paroles : « Je savois bien, M. le cardinal, que vous me donneriez à la fin des marques de l’affection que vous avez pour moi. » Comme je commençois d’entrer en matière, Ondedei[1] gratta à la porte ; et comme je voulus me lever de mon siége pour l’aller ouvrir, la Reine me prit par le bras, et me dit : « Demeurez là, attendez-moi. » Elle sortit ; elle entretint Ondedei près d’un quart-d’heure ; elle revint, et me dit qu’Ondedei lui venoit de donner un paquet d’Espagne. Elle me parut embarrassée et changée dans sa manière de parler au delà de tout ce que je vous puis dire. Bluet, dont je vous ai parlé dans cette histoire m’a dit qu’Ondedei qui avoit su que j’avois demandé à la Reine une audience particulière, l’étoit venu interrompre en lui disant qu’il avoit reçu ordre de M. le cardinal Mazarin de la con-

  1. Zonge Ondedei. Lorsqu’il fut devenu évêque, Gaumin, doyen des maîtres des requêtes, fit ces deux vers contre lui
    Nunc commissa lupo pastoris ovilia cernis,
    Dedecus undè hominum, dedecus undè Dei.
    (A. E.)