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traînera Monsieur toutes les fois qu’il lui plaira de se raccommoder à la cour, ou par la lassitude des peuples, qui ne s’aperçoivent déjà que trop clairement que l’on ne sait faire dans ce parti ni la paix, ni la guerre. Dans tous ces deux cas, que je tiens pour infaillibles, vous perdrez beaucoup : car si vous ne vous tirez d’embarras avant que le mouvement finisse par un accommodement de la cour avec M. le prince, vous aurez peine à vous démêler d’une intrigue dans laquelle et la cour et M. le prince songeront assurément à vous faire périr. Si la résolution vient par la lassitude des peuples, en êtes-vous mieux ? et cette lassitude, de laquelle l’on se prend toujours à ceux qui ont le plus brillé dans le mouvement, ne peut-elle pas corrompre et tourner contre vous-même la sage inaction dans laquelle vous êtes demeuré depuis quelque temps ? Voilà, ce me semble, ce que vous pouvez prévoir ; mais voilà aussi ce que vous ne pouvez éviter, qu’en en trouvant l’issue avant que la guerre civile se termine par l’un ou l’autre de ces moyens que je viens de vous expliquer. Je sais bien que l’engagement où vous êtes avec Monsieur, et même avec le public, touchant le Mazarin, ne vous permet pas de travailler à son rétablissement ; et vous savez que, par cette raison, je ne vous ai jamais rien proposé tant qu’il a été à la cour. Il n’y est plus ; et quoique son éloignement ne soit qu’un jeu et qu’une illusion, il ne laisse pas de vous donner lieu de faire de certaines démarches qui conduisent naturellement à ce qui vous est bon. Paris, tout soulevé qu’il est, souhaite avec passion la présence du