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toujours eu avantage dans la Guienne ; et Bordeaux même se trouvoit divisé en tant de folles partialités, qu’il eût été difficile d’y faire aucun fondement. Marigny disoit assez plaisamment que madame la princesse et madame de Longueville, M. le prince de Conti et Marsin, le parlement, les jurats et l’armée, Marigny et Sarasin, y avoient chacun leurs factions ; il avoit commencé une manière de catholicon de ce qu’il avoit vu en ce pays-là, qui en faisoit une image bien ridicule. Je n’en sais pas assez le détail pour vous en entretenir ; et je me contente de vous dire que ce qui en étoit revenu à Monsieur ne contribuoit pas à lui donner du repos dans ces agitations, et à lui faire croire que le parti où il étoit engagé étoit bon.

La providence de Dieu, qui, par des secrets ressorts inconnus à ceux même qu’elle fait agir, dispose les moyens pour leur fin, se servit des exhortations de ces messieurs que je viens de vous nommer, pour me porter à changer ma conduite, justement au moment dans lequel ce changement trouvoit Monsieur dans des dispositions susceptibles de celles que je lui pourrois inspirer. La plus grande difficulté fut de me l’inspirer à moi-même : car quoique je n’eusse dans le vrai que de très-bonnes et de très-sincères intentions pour l’État, et quoique je ne souhaitasse que de sortir d’affaire avec quelque sorte d’honneur, je ne laissois pas de vouloir conserver un certain décorum, qu’il étoit assez difficile de rencontrer bien juste dans la conjoncture présente. Je convenois avec ces messieurs qu’il avoit de la honte à demeurer les bras croisés, et à laisser périr la capitale et peut-être l’État ; mais ils convenoient aussi avec moi qu’il y