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du parlement, contre le retour du cardinal, avec toute la véhémence et toute la force imaginable. Ils dirent que Sa Majesté, après en avoir communiqué avec la Reine et son conseil, leur avoit fait répondre en sa présence, par M. le garde des sceaux, que quand le parlement avoit donné ses derniers arrêts, il n’avoit pas su sans doute que M. le cardinal Mazarin n’avoit fait aucune levée de gens de guerre que par les ordres exprès de Sa Majesté ; qu’il lui avoit été commandé d’entrer en France, et d’y amener ses troupes, et qu’ainsi le Roi ne trouvoit pas mauvais ce que la compagnie avoit fait jusqu’à ce jour ; mais qu’il ne doutoit pas aussi que quand elle auroit appris le détail dont il venoit de l’informer, et su de plus que M. le cardinal Mazarin ne demandoit que le moyen de se justifier, elle ne donnât à tous ses peuples l’exemple de l’obéissance qu’ils lui devoient. Jugez, s’il vous plaît, quelle commotion put faire dans le parlement une réponse si peu conforme aux paroles solennelles que la Reine lui avoit réitérées plus de dix fois ! M. le duc d’Orléans ne l’appuya pas, en disant que le Roi lui avoit envoyé Ruvigny pour lui faire le même discours, et pour lui ordonner de renvoyer dans leurs garnisons les régimens qui étoient sous son nom. La chaleur fut encore augmentée par les arrêts des parlemens de Toulouse et de Rouen, donnés contre le Mazarin, dont on affecta la lecture dans ce moment, aussi bien que celle d’une lettre du parlement de Bretagne, qui demandoit à celui de Paris union contre les violences de M. le maréchal de La Meilleraye. M. Talon harangua, avec une véhémence qui avoit quelque chose de la fureur, contre