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dans lesquelles il a toujours lieu d’en revenir. J’eus toutes ces vues, et plus grandes et plus étendues qu’elles ne sont sur ce papier. Je ne doutai pas un instant que ce ne fussent les bonnes et les justes. Je ne balançai pas un moment à ne les pas suivre. L’intérêt de mes amis, qui s’imaginoient que je trouverois à la fin dans le chapitre des accidens lieu de les servir et de les élever, me représenta d’abord qu’ils se plaindroient de moi si je prenois un parti qui me tiroit d’affaire, et qui les y laissoit. Je ne me suis jamais repenti d’avoir préféré leur considération à la mienne propre : elle fut appuyée par mon orgueil, qui eût eu peine à souffrir que l’on eût cru que j’eusse quitté le pavé à M. le prince. Je me reproche et me confesse de ce mouvement, qui eut toutefois en ce temps-là un grand pouvoir sur moi. Il fut imprudent, il fut foible : car je maintiens qu’il y a autant de foiblesse que d’imprudence à sacrifier ses grands et solides intérêts à des pointilles de gloire, qui est toujours fausse, quand elle nous empêche de faire ce qui est plus grand que ce qu’elle nous propose. Il faut reconnoître de bonne foi qu’il n’y a que l’expérience qui puisse apprendre aux hommes à ne pas préférer ce qui les pique dans le présent, à ce qui les doit toucher bien plus essentiellement dans l’avenir. J’ai fait cette remarque une infinité de fois. Je reviens à ce qui regarde le parlement.

Je vous expliquerai en peu de paroles ce qui s’y passa depuis le 4 juillet jusques au 13. La face en fut très-mélancolique : tous les présidens à mortier s’étant retirés, et beaucoup des conseillers s’étant aussi absentés, par la frayeur des séditions, que le feu et