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pas davantage. Mademoiselle, qui avoit fait tous ses efforts pour obliger Monsieur à aller dans la rue Saint-Antoine pour faire ouvrir la porte à M. le prince, qui commençoit à être très-pressé dans le faubourg, prit le parti d’y aller elle-même. Elle entra dans la Bastille, où La Louvières[1] n’osa, par respect, lui refuser l’entrée. Elle fit tirer le canon sur les troupes du maréchal de La Ferté, qui s’avançoient pour prendre en flanc celles de M. le prince. Elle harangua ensuite la garde qui étoit à la porte Saint-Antoine. Elle s’ouvrit, et M. le prince y entra avec son armée, plus couverte de gloire que de blessures, quoiqu’elle en fût chargée. Ce combat si fameux arriva le 2 juillet.

Le 4, l’assemblée générale de l’hôtel-de-ville, qui avoit été ordonnée le premier par le parlement pour aviser à ce qui étoit à faire pour la sûreté de la ville, fut tenue l’après-dînée. Monsieur et M. le prince s’y trouvèrent, sous prétexte de remercier la ville de ce qu’elle avoit donné l’entrée à leurs troupes le jour du combat ; mais dans la vérité pour l’engager à s’unir encore plus étroitement avec eux : au moins voilà ce que Monsieur en sut. Voici le vrai, que je ne sus que long-temps depuis de la bouche même de M. le prince, qui me l’a dit trois ou quatre ans après à Bruxelles. Je ne me ressouviens pas précisément s’il me confirma ce qui étoit fort répandu dans le public, de l’avis que M. de Bouillon lui avoit donné que la cour ne songeroit jamais sincèrement et de bonne foi à se raccommoder avec lui, jusqu’à ce qu’elle connût clairement qu’il fût effectivement maître de Paris. Je sais bien que je lui demandai, à Bruxelles, si ce que l’on avoit

  1. Gouverneur de la Bastille, et fils de M. de Broussel. (A. E.)