Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en pareilles occasions. Ils tournent si court quand ils changent de sentiment, qu’ils ne mesurent plus leurs allures. Ils sautent au lieu de marcher ; et il prit tout d’un coup le parti, quoi que je lui pusse dire au contraire, de justifier la marche de ces troupes étrangères, et de la justifier dans le parlement par des illusions qui ne trompent personne, et qui ne servent qu’à faire voir que l’on veut tromper. Cette figure est la rhétorique de tous les temps : mais il faut avouer que celui du cardinal Mazarin l’a étudiée et pratiquée et plus fréquemment et plus insolemment que tous les autres. Elle a été non-seulement journellement employée, mais consacrée dans les arrêts, dans les édits et dans les déclarations ; et je suis persuadé que cet outrage public fait à la bonne foi a été, comme il me semble que je vous l’ai déjà dit dans la première partie de cet ouvrage, la principale cause de nos révolutions. Monsieur me dit, dans le parlement, qu’il prétendoit que ces troupes n’étoient point espagnoles, parce que les hommes qui les composoient étoient Allemands. Vous remarquerez, s’il vous plaît, qu’il y avoit trois ou quatre ans qu’elles servoient l’Espagne en Flandre, sous le commandement d’un cadet de Wirtemberg, qui étoit nommément à la solde du roi Catholique ; et que beaucoup de gens de qualité, même du Pays-Bas, y étoient officiers. J’eus beau représenter à Monsieur que ce que nous blâmions le plus tous les jours dans la conduite du cardinal étoit cette manière d’agir et de parler, si contraire aux vérités les plus connues : je n’y gagnai rien ; et il me répondit, en se moquant de moi, que je devois avoir observé que le monde