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dans cette conjoncture. Je reviens au parlement.

J’ai eu si peu de part dans les dernières assemblées et dans les dernières occasions desquelles je viens de parler, qu’il y a déjà quelque temps que je me fais un scrupule à moi-même de les insérer dans un ouvrage qui ne doit être, à proprement parler, qu’un simple compte que vous m’avez commandé de vous rendre de mes actions. Il est vrai que la nouvelle de ma promotion tomba justement sur un point où l’état des choses que je vous ai expliquées ci-devant eût fait de moi une figure presque immobile, quand même j’aurois continué d’assister aux délibérations du parlement. La pourpre qui m’en ôta la séance en fit une figure muette dans le Palais. Je vous ai dit qu’elle ne le fut guère moins au Luxembourg ; et je puis assurer de bonne foi qu’elle n’y eut presque qu’un mouvement imaginaire, et tel qu’il plut aux spéculatifs de se fantaisier. Mais comme il leur plut de se fantaisier toutes choses sur mon sujet, j’étois continuellement exposé à la défiance des uns, à la frayeur des autres et au raisonnement de tous. Ce personnage, qui n’est jamais que de pure défensive, et encore tout au plus, est très-dangereux dans les temps dans lesquels on le joue. Il est très-incommode dans ceux dans lesquels on le décrit, parce qu’il a toujours beaucoup d’apparence de vaine gloire et d’amour-propre. Il semble que l’on s’incorpore soi-même dans tout ce qui s’est passé de considérable dans un État, quand, dans un ouvrage qui ne doit regarder que sa personne, l’on s’étend sur des matières auxquelles l’on n’a eu aucune part. Cette considération m’a fait chercher avec soin les moyens de démêler celles qui sont de cette na-