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Le 14, il y eut un grand mouvement au parlement ; plusieurs voix confuses s’élevèrent pour demander que l’on délibérât sur les moyens que l’on pourroit tenir pour empêcher les séditions et les insolences qui se commettoient journellement dans la ville, et même dans la salle du Palais. Monsieur, qui en fut averti, et qui eut peur que sous ce prétexte les mazarins du parlement ne fissent faire à la compagnie quelque pas qui fût contraire à ses intérêts, vint au Palais assez à l’improviste, et il proposa qu’elle lui donnât un plein pouvoir. Ce discours, qui fut inspiré à Monsieur par M. de Beaufort à la chaude, sans dessein et très-légèrement, fit trois mauvais effets, dont le premier fut que tout le monde se persuada qu’il avoit été fait après une profonde délibération ; le second, qu’il diminua beaucoup de la dignité de Monsieur, dont la naissance et le poste n’avoient pas besoin, vu les conjonctures, d’une autorité empruntée ; le troisième, que les présidens en prirent tant de courage, qu’ils osèrent dire en face à Monsieur que personne n’ignoroit le respect qu’on lui devoit, et que par cette raison il n’étoit pas à propos de mettre cette proposition dans le registre. Il n’y a rien de si dangereux que les propositions qui paroissent mystérieuses et qui ne le sont pas ; parce qu’elles allient toute l’envie, qui est inséparable du mystère, et qu’elles sont même un obstacle aux avantages que l’on prétend d’en tirer.

Le 15, Monsieur fit une fâcheuse expérience de cette vérité : car il eut le déplaisir de voir un ajournement personnel donné par les trois chambres à un imprimeur, qui avoit mis au jour un libelle qui portoit que le parlement avoit remis toute son autorité