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prince disoient publiquement, dans les chambres assemblées, que le préalable de tous les traités étoit de n’avoir aucun commerce avec le Mazarin. Il joua la comédie en leur présence, dans laquelle il se fit retenir comme par force par le Roi, qu’il supplioit à mains jointes de lui permettre qu’il pût s’en retourner en Italie. Il se donna la satisfaction de montrer à toute la cour Gourville, qu’il ne laissoit pas de faire monter par un escalier dérobé. Il se donna la joie d’amuser Gaucourt, qui par sa profession de négociateur donnoit encore plus d’éclat à la négociation. Enfin les choses en vinrent au point que madame de Châtillon alla publiquement à Saint-Germain. Nogent disoit qu’il ne lui manquoit, en entrant dans le château, que le rameau d’olive à la main. Elle y fut reçue et traitée effectivement comme Minerve auroit pu être : la différence fut que Minerve auroit apparemment prévu le siége d’Etampes que M. le cardinal entreprit dans le même instant, et dans lequel il ne tint presque à rien qu’il n’ensevelît tout le parti de M. le prince. Vous verrez le détail de ce siége dans la suite ; et je ne le touche ici que parce qu’il servit de clôture à ces négociations que je viens de marquer, et que j’ai été bien aise de renfermer toutes ensemble dans ces deux ou trois pages, afin que je ne fusse point obligé d’interrompre si fréquemment le fil de ma narration.

Vous l’interrompez sans doute vous-même à l’heure qu’il est, en me disant qu’il falloit que M. le cardinal Mazarin fût bien habile pour jeter aussi utilement pour lui tant de faveurs apparentes d’accommodemens ; et je vous supplie de me permettre de vous répondre que toutes les fois que l’on dispose de l’autorité royale,