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mademoiselle de Châtillon tinrent à différentes reprises sur le métier. Ils ne travaillèrent pas tout seuls à l’ouvrage : je le brodai de tout ce qui en pouvoit rehausser les couleurs dans le public. Comme il me convenoit de rejeter sur ce parti-là la haine et l’envie du mazarinisme, dont il essayoit de me charger en toutes occasions, je n’oubliois rien de tout ce qui étoit en moi pour découvrir et pour faire éclater dans le monde les avantages que les particuliers qui le composoient n’oublioient pas de leur côté de rechercher dans les traités. Les propositions des gouvernemens de Guienne pour M. le prince, de la Provence pour monsieur son frère, de l’Auvergne pour M. de Nemours ; les cent mille écus que l’on demandoit pour M. de La Rochefoucauld, le bâton de maréchal de France pour M. Du Dognon, les lettres de duc pour M. de Montespan, la surintendance des finances pour M. Du Dognon, le pouvoir de faire la paix générale à Monsieur et à M. le prince, celui de nommer des ministres, y fut figuré de toutes les couleurs et de toute leur étendue. Je ne crus pas être imposteur en publiant que tout ce que je viens de vous dire avoit été proposé ; parce qu’il est vrai que les avis que j’avois de la cour me l’assuroient. Je ne voudrois pas jurer qu’il n’y eût dans ces avis de l’exagération sur de certains points. Ce que je sais de science certaine, c’est que M. le cardinal faisoit espérer tout ce que l’on prétendoit, et qu’il ne fut jamais un instant dans la pensée d’en tenir quoi que ce soit. Il se donna le plaisir de donner au public le spectacle de messieurs de Rohan, de Chavigny et de Goulas conférant avec lui et devant le Roi, et en particulier au moment même que Monsieur et M. le