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[1650] MÉMOIRES

un premier prince du sang, à qui on disputoit le pavé publiquement et les armes à la main, à moins que je ne me résolusse à le lui céder au moins pour quelque temps. Il me proposa en conséquence l’ambassade ordinaire de Rome, ou l’extraordinaire à l’Empire, dont il se parloit alors à propos de je ne sais quoi. Vous jugez bien quelle put être ma réponse nous ne convînmes de rien, quoique je n’oubliasse pas de faire connoître à M. de Chavigny la passion extrême que j’avois de rentrer dans les bonnes grâces de M. le prince. Je demandai un jour à M. le prince à Bruxelles le dénoûment de ce que M. de Bouillon m’avoit dit de cette négociation de Chavigny, et je ne me puis remettre ce qu’il me répondit.

Cette conférence avec Chavigny se passa le 30 de décembre. Le premier de janvier, madame de Chevreuse, qui revoyoit la Reine depuis le retour du Roi à Paris et qui même dans ses disgrâces, avoit conservé avec elle une espèce d’habitude incompréhensible, alla au Palais-Royal. Le cardinal la tirant dans une croisée du petit cabinet de la Reine, lui dit : « Vous aimez la Reine : est-il possible que vous ne lui puissiez donner vos amis ? Le moyen, répondit-elle ? La Reine n’est plus reine, elle est très-humble servante de M. le prince. Mon Dieu, reprit le cardinal en se frottant le front, si l’on pouvoit s’assurer des gens, — on feroit bien des choses Mais M. de Beaufort est à madame de Montbazon madame de Montbazon est à Vigneul, et le coadjuteur… » En me nommant il se prit à rire. « Je vous entends, dit madame de Chevreuse je vous réponds de lui et d’elle. » Voilà comment cette con-