Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
[1649] MÉMOIRES

quoit pas tout-à-fait décisivement. M. de Beaufort ne balança pas, quoique je reconnusse à mille choses qu’il avoit été bien catéchisé par madame de Montbazon, dont je remarquai de certaines expressions toutes copiées. M. de Bouillon me dit avec émotion : « Mais si nous eussions engagé le parlement, comme vous le vouliez dernièrement, et que l’armée d’Allemagne nous eût manqué comme elle a fait n’aurions-nous pas été dans le même état où nous sommes ? Vous faisiez pourtant votre compte, en ce cas, de soutenir la guerre avec nos troupes, avec celles de M. de Longueville, avec celles qui se font à présent pour nous dans toutes les provinces du royaume. — Ajoutez, monsieur, lui répondis-je, avec le parlement de Paris déclaré et engagé pour la paix générale. Car si ce même parlement, qui ne s’engagera pas sans M. de Turenne avoit une fois été engagé, il seroit aussi judicieux de fonder sur lui, qu’il l’est, à mon avis, à cette heure de n’y rien compter. Les compagnies vont toujours devant elles quand elles ont été jusqu’à un certain point, et leur retour n’est point à craindre quand elles sont fixées. La proposition de la paix générale l’eût fait, à mon avis dans le moment de la déclaration de M. de Turenne. Nous avons manqué ce moment : je suis convaincu qu’il n’y a plus rien à faire de ce côté-là ; et je crois même, monsieur, que vous en êtes persuadé comme moi. La seule différence est que vous croyez que nous pouvons soutenir l’affaire par le peuple, et je crois que nous ne le devons pas c’est la vieille question, qui a déjà été agitée plusieurs fois. »