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[1649] MÉMOIRES

blées à un certain point les font douter de notre innocence. Notre sécurité ranimera le parlement et le peuple. Je maintiens que nous sortirons du Palais (si nous n’y tombons pas) plus accompagnés que nos ennemis. Voici les fêtes de Noël : il n’y a plus d’assemblée que demain et après-demain. Si les choses se passent comme je vous marque, je les soutiendrai dans le peuple en un sermon que je projette de prêcher le jour de Noël à Saint-Germain de l’Auxerrois, qui est la paroisse du Louvre. Nous le soutiendrons après les fêtes par nos amis, que nous aurons le temps de faire venir des provinces. »

On se rendit à cet avis, on nous recommanda à Dieu comme devant courir grand risque : mais chacun retourna chez soi avec fort peu d’espérance.

Je trouvai, en arrivant chez moi, un billet de madame de Lesdiguières, qui me donnoit avis que la Reine, qui avoit prévu que nous pourrions nous résoudre à aller au Palais, parce que les conclusions que le procureur général y devoit prendre s’étoient assez répandues dans le monde, avoit écrit à M. de Paris, le conjurant d’aller prendre sa place au parlement dans la vue de m’empêcher d’y aller, parce que M. de Paris y étant, je n’y avois plus de séance.

J’allai à trois heures du matin chercher messieurs de Brissac et de Retz, et les menai aux Capucins dm faubourg Saint-Jacques, où M. de Paris avoit couché, pour le prier en corps de famille de ne point aller au Palais. Mon oncle avoit peu de sens, et le peu qu’il en avoit n’étoit pas droit : il étoit foible, timide, et jaloux de moi jusqu’au ridicule. Il avoit promis à la Reine qu’il iroit prendre sa place, et nous ne tirâmes