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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

juste affaire, et nous étions sur le point de nous reprendre et de nous recoudre, pour ainsi dire, avec le parlement, qui vouloit demander l’assemblée des chambres, et qui sanctifioit par conséquent tout ce que nous avions fait. Le diable monta à la tête de nos subalternes ils crurent que cette occasion tomberoit si nous ne la relevions d’un grain qui fût de plus haut goût que les formes du Palais. Ce furent les propres mots de Montrésor, qui, dans un conseil de Fronde tenu chez le président de Bellièvre, proposa qu’il falloit tirer un coup de pistolet à l’un des syndics, pour obliger le parlement à s’assembler ; parce qu’autrement, dit-il, le premier président n’accordera jamais l’assemblée des chambres, qui nous est absolument nécessaire, parce qu’elle nous rejoint au parlement, dans une conjoncture où nous serons, avec le parlement, les défenseurs de la veuve et de l’orphelin et où nous ne sommes, sans le parlement, que des séditieux et des tribuns du peuple. Il n’y a ajouta-t-il, qu’à faire tirer un coup de pistolet dans la rue à un de nos syndics qui ne sera pas assez connu du peuple pour faire une trop grande émotion, mais qui la fera suffisante pour produire l’assemblée des chambres, qui nous est si nécessaire.

Je m’opposai à ce dessein de toute ma force ; je leur représentai que nous aurions l’assemblée des chambres sans cet étrange expédient, qui avoit mille inconvéniens. Le président de Bellièvre traita mon scrupule de pauvreté ; il me pria de me ressouvenir de ce que j’avois mis autrefois dans la Vie de César, que dans les affaires publiques la morale est de plus d’étendue que dans les particulières. Je le