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[1649] MÉMOIRES

dans le carrosse de M. de Nemours qui le menoit chez madame sa femme, pour qui M. de Beaufort avoit beaucoup de tendresse. M. de Nemours étoit encore pour la Reine ; et comme il savoit l’éclat du jour précédent, il s’étoit mis dans l’esprit de persuader à M. de Beaufort de se déclarer pour elle en cette occasion. M. de Beaufort s’y trouvoit tout-à-fait disposé, d’autant plus que madame de Montbazon l’avoit prêché jusqu’à deux heures après minuit sur le même ton. Le connoissant comme je faisois, je ne devois pas être surpris de son peu de vue je le fus pourtant. Je lui représentai qu’il ne pouvoit rien voir qui fût plus contraire au bon sens ; qu’en nous offrant à M. le prince, nous ne hasardions rien : qu’en nous offrant à la Reine nous hasardions tout ; que dès que nous aurions fait ce pas, M. le prince s’accommoderoit avec le Mazarin, qui le recevroit à bras, ouverts, et par sa propre considération, et par l’avantage qu’il trouveroit à faire connoître au peuple qu’il devroit sa conservation aux frondeurs ce qui nous décréditeroit dans le public qu’en nous offrant à M. le prince, le pis-aller seroit de demeurer comme nous étions, avec la différence que nous aurions acquis un nouveau mérite à l’égard du public, par le nouvel effort que nous aurions fait pour ruiner son ennemi. Ces raisons emportèrent M. de Beaufort nous allâmes faprès-dinée à l’hôtel de Longueville où nous trouvâmes M. le prince dans la chambre de madame sasceur. Nous lui offrîmes nos services, et nous fûmes reçus comme vous pouvez vous l’imaginer. Nous soupâmes avec lui chez Prudhomme, où le panégyrique du Mazarin ne manqua d’aucune figure.