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terrompre les avis, il s’éleva une fort grande clameur en faveur de Machaut. Je suppliai la compagnie d’excuser ma chaleur, laquelle toutefois, ajoutai-je, ne procède pas de défaut de respect.

Quelqu’un ayant dit aussi, en opinant, qu’il falloit procéder à l’égard du cardinal comme l’on avoit procédé autrefois à l’égard de l’amiral de Coligny, c’est-à-dire mettre sa tête à prix, je me levai, aussi bien que tous les autres conseillers-clercs ; parce qu’il est défendu par les canons, aux ecclésiastiques, d’assister aux délibérations dans lesquelles il y a un avis ouvert à mort.

Le 18, messieurs des enquêtes allèrent par députés à la grand’chambre pour demander l’assemblée, sur une lettre que M. le cardinal Mazarin avoit écrite à M. d’Elbœuf, en lui demandant conseil touchant son retour en France. M. le premier président s’adressa la lettre ; il dit que M. d’Elbœuf la lui avoit envoyée ; qu’il avoit en même temps dépêché au Roi pour lui en rendre compte, et faire voir la conséquence ; et qu’il attendoit la réponse de son envoyé, après laquelle il prétendoit assembler la compagnie, s’il ne plaisoit à Sa Majesté de lui donner satisfaction. Les enquêtes ne se contentèrent pas de cette parole de M. le premier président : elles renvoyèrent le lendemain, qui fut le 19, leurs députés à la grand’cham-bre ; et l’on fut obligé d’assembler le 20, après avoir invité M. le duc d’Orléans.

Le premier président ayant dit à la compagnie que le sujet de l’assemblée étoit la lettre dont j’ai parlé ci-dessus, et un voyage que M. de Noailles avoit fait vers M. d’Elbœuf, les gens du Roi furent mandés, qui, par la bouche de M. Ta-