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répétition continuelle de la nécessité de l’enregistrement de la déclaration que M. le premier président prenoit au nom du Roi, et des raisons différentes que Monsieur alléguoit pour obliger la compagnie à le différer. Tantôt il attendoit le retour d’un gentilhomme qu’il avoit envoyé à la cour pour négocier ; tantôt il assuroit que M. de Damville devoit arriver de la cour au premier jour, avec des radoucissemens ; tantôt il incidentoit sur la forme que l’on devoit garder lorsqu’il s’agissoit de condamner un prince du sang ; tantôt il soutenoit que le préalable nécessaire de toutes choses étoit de songer à se précautionner contre le retour du cardinal ; tantôt il produisoit des lettres de M. le prince adressées au Roi et au parlement même par lesquelles il demandoit à se justifier. Comme il vit, et que le parlement même ne vouloit pas souffrir qu’on lût ces lettres, parce qu’elles venoient d’un prince qui avoit les armes à la main contre son roi, et que ce même esprit portoit le gros de la compagnie à l’enregistrement, il quitta la partie et il envoya M. de Croissy au parlement le 4, pour le prier de ne le point attendre pour la délibération qui concernoit la déclaration, parce qu’il avoit résolu de n’y point assister. On opina, et il passa de six-vingts voix, après qu’il y eut trois ou quatre avis différens plus en la forme qu’en la substance, à faire lire, publier et enregistrer au greffe la déclaration, pour être exécutée selon sa forme et teneur.

Ce qui consterna Monsieur, c’est que Croissy ayant prié à la fin de l’assemblée de prendre jour pour délibérer sur le retour du cardinal Mazarin dont personne ne doutoit plus, il ne fut presque pas écouté.