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La Saint-Martin de l’année 1651 ayant ouvert le parlement, il députa messieurs Doujat et Baron vers M. le duc d’Orléans qui étoit Limours pour le prier de venir prendre sa place au sujet d’une déclaration que le Roi avoit envoyée au parquet dès le 8 du mois d’octobre, par laquelle il déclaroit M. le prince criminel de lèse-majesté.

Monsieur vint au Palais le 20 novembre : et M. le premier président ayant exagéré, même avec emphase, tout ce qui se passoit en Guienne, conclut par la nécessité qu’il y avoit de procéder à l’enregistrement de la déclaration, pour obéir aux très-justes volontés du Roi : ce fut son expression. Monsieur, qui, comme vous avez vu ci-dessus, avoit pris sa résolution, répondit au premier président que ce n’étoit pas une affaire à précipiter ; qu’il falloit donner du temps pour travailler à l’accommodement ; qu’il s’y appliquoit de tout son pouvoir ; que M. Damville[1] étoit en chemin pour lui apporter des nouvelles de la cour ; qu’il étoit étrange que l’on pressât une déclaration contre un prince du sang, et que l’on ne songeât pas seulement aux préparatifs que le cardinal Mazarin faisoit pour entrer à main armée dans le royaume.

Je vous ennuierois fort inutilement si je m’attachois au détail de ce qui se passa dans les assemblées des chambres, qui commencèrent, comme je viens de vous le dire, le 20 novembre ; puisque celles du 23, du 24 et du 28 de ce mois, et du 1er et 2 décembre, ne furent, à proprement parler, employées qu’à une

  1. M. de Damville : François-Christophe de Levi, comte de Brian, puis duc de Damville ; mort en 1661.