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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

par cette raison de se remettre à la tête de la Fronde, de laquelle il s’étoit assez séparé dès les premiers jours de la paix par des railleries dont il n’étoit pas le maitre, et par un rapprochement à la cour, qui, contre tout bon sens, avoit encore été plus apparent qu’effectif. M. de La Rochefoucauld s’imagina que l’on ne pourroit revenir plus naturellement du refroidissement qui avoit paru, que par un raccommodement, qui d’ailleurs feroit éclat, et donneroit par conséquent ombrage à la cour ce qui alloit à ses fins. Je lui ai demandé depuis, une fois ou deux, la vérité de cette intrigue. Il me dit seulement en général qu’ils étoient en ce temps-là persuadés, dans leurs cabales, que je rendois de mauvais services sur son sujet à madame de Longueville auprès de son mari. C’est de toutes les choses du monde celle dont j’ai été toute ma vie le moins capable ; et je ne crois pas que ce soupçon fut la cause de l’éclat que M. le prince de Conti fit contre moi, parce qu’aussitôt que j’eus fait faite par Laigues mon premier compliment, je fus reçu à bras ouverts et qu’aussitôt que madame de Longueville s’aperçut que je ne répondois qu’en termes généraux à ce qu’elle me dit de mes amis elle retomba dans une froideur qui passa en haine. Comme je savois que je m’avois rien fait qui me pût attirer l’éclat que M. le prince de Conti avoit fait contre moi, et que je m’imaginai être affecté, pour en faire servir l’accommodement à des intérêts particuliers, je demeurai fort froid à ce mot de mes amis. Elle se le tint pour dit et cela, joint au passé, eut des suites qui nous ont dû apprendre qu’il n’y a point de petits pas dans les grandes affaires.

M. le cardinal Mazarin ne songea auprès la paix qu’à