Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elle projetoit de prendre celle des armes. Gourville alloit et venoit du côté de M. le prince. Bertet vint à Paris pour gagner M. de Bouillon, M. de Turenne et moi. Cette scène est assez curieuse pour s’y arrêter un peu plus long-temps. Je vous ai déjà dit que M. de Bouillon et M. de Turenne étoient séparés de M. le prince ; ils vivoient l’un et l’autre d’une manière fort retirée dans Paris et, à la réserve de leurs amis particuliers, peu de gens les voyoient. J’étois de ce nombre et comme j’en connoissois pour le moins autant que personne le mérite et le poids, je n’oubliai rien et pour le faire connoître et pour le faire peser à Monsieur, et pour obliger les deux frères à entrer dans ses intérêts. L’aversion naturelle qu’il avoit pour l’aîné, sans savoir pourquoi, l’empêcha de faire ce qu’il se devoit à soi-même en cette rencontre ; et le mépris que le cadet avoit pour lui, sachant très-bien pourquoi, n’aida pas au succès de ma négociation. Celle de Bertet, qui arriva justement à Paris dans cette conjoncture, se trouva commune entre M. de Bouillon et moi, par la rencontre de madame la palatine, qui étoit elle-même notre amie commune, et à laquelle Bertet avoit ordre de s’adresser directement. Elle nous assembla chez elle entre minuit et une heure, et elle nous présenta Bertet, qui, après un torrent d’expressions gasconnes, nous dit que la Reine, qui étoit résolue de rappeler le cardinal Mazarin, n’avoit pas voulu exécuter sa résolution sans prendre nos avis. M. de Bouillon, qui me jura une heure après en présence de madame la palatine qu’il n’avoit encore jusque là reçu aucune proposition, au moins formée,