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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

dence de Dieu, qui connoissoit la pureté de mes intentions m’avoit mis dans Paris en un état où je me soutiendrois apparemment par moi-même ; que si j’avois besoin d’une protection, je savois que je n’en pourrois jamais trouver de si puissante et si glorieuse que celle de Sa Majesté Catholique, à laquelle je tiendrois toujours à gloire de recourir. Fuensaldagne fut très-content de ma réponse, qui lui parut, à ce qu’il dit depuis à Saint-Ibal, d’un homme qui se croyoit assez de force, qui n’étoit point âpre à l’argent, et qui avec le temps en pourroit recevoir. Il me renvoya don Antonio Pimentel sur-le-champ même, avec une grande lettre pleine d’honnêteté et un petit billet de M. l’archiduc, qui me mandoit qu’il marcheroit sur un mot de ma main, con todas las fuerças del Rei su sennor.

Le lendemain du départ de don Antonio Pimentel, il m’arriva une petite intrigue qui me fâcha plus qu’une grande. Laigues mevint dire que M. le prince de Conti étoit dans une colère terrible contre moi ; qu’il disoit que je lui avois manqué au respect ; qu’il périroit lui et toute sa maison, ou qu’il s’en ressentiroit. Sarrasin[1], que je lui avois donné pour secrétaire, entra un moment après, qui confirmalamême chose. Jugez à quel point un homme qui ne se sent rien sur le cœur est surpris d’un éclat de cette espèce Je n’en fus en récompense que très-peu touché parce qu’il s’en falloit beaucoup que j’eusse autant de respect pour la personne de M. le prince de Conti que j’en avois pour sa qualité. Je priai Laigues de lui aller rendre de ma

  1. Jean-François Sarrasin, bel esprit de ce temps-là connu par divers ouvrages, et mort en 1657. (A. E.)