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lui écrire de sa part qu’elle étoit pénétrée d’une reconnoissance (elle se servit de ce mot) qu’elle conserveroit toute sa vie, de ce qu’il avoit résisté aux dernières instances de M. le prince. La nuit changea tout cela, ou plutôt le moment de la nuit dans lequel Métayer, valet de chambre du cardinal, arriva avec une dépêche qui portoit entre autres choses, ces propres mots, à ce que j’ai su depuis du maréchal Du Plessis, qui m’a dit les avoir vus dans l’original : « Donnez madame, à M. le prince toutes les déclarations d’innocence qu’il voudra tout est bon pourvu que vous l’amusiez et que vous l’empêchiez de prendre l’essor. » Ce qui est admirable, c’est que la Reine m’avoit dit à moi-même trois jours avant, qu’elle eût souhaité, du meilleur de son cœur, que M. le prince fut déjà en Guienné, pourvu, ajouta-t-elle, que l’on ne crût pas que ce fût moi qui l’eût poussé. Ce point d’histoire est un de ceux qui m’a obligé à vous dire, en une autre occasion, qu’il y en a d’inexplicables dans les histoires, et impénétrables à ceux même qui en sont les plus proches. Je me souviens qu’en ce temps-là nous fîmes tout ce qui étoit en nous, madame la palatine et moi, pour démêler la cause de cette variation, si prompte que nous soupçonnâmes qu’elle étoit l’effet de quelque négociation souterraine, et que nous crûmes depuis avoir pleinement éclairci que notre conjecture n’étoit pas fondée. Ce qui nous confirma dans cette opinion fut que le premier de septembre, la Reine fit dire en sa présence par M. le chancelier, au parlement, qu’elle avoit mandé au Palais-Royal que comme les avis qui lui avoient été donnés de l’intelligence de M. le prince