lable quelques événemens de ses premières années, que je considère comme aussi clairs et aussi certains que ceux que j’ai vus moi-même, parce que je les tiens de madame de Chevreuse, qui a été la seule et véritable confidente de sa jeunesse. Elle m’a dit plusieurs fois que la Reine n’étoit Espagnole ni d’esprit ni de corps ; qu’elle n’avoit ni le tempérament ni la vivacité de sa nation ; qu’elle n’en tenoit que la coquetterie, mais qu’elle l’avoit au souverain degré ; que M. de Bellegarde[1], vieux mais poli et galant à la mode de la cour de Henri III, lui avoit plu ; mais qu’elle s’en étoit dégoûtée, parce qu’en prenant un jour congé d’elle lorsqu’il alla commander l’armée à La Rochelle, et lui ayant demandé en général la permission d’espérer une grâce avant son départ, il s’étoit réduit à la supplier de vouloir bien mettre la main à la garde de son épée ; qu’elle avoit trouvé cette manière si sotte qu’elle n’en avoit jamais pu revenir ; qu’elle avoit agréé la galanterie de M. de Montmorency beaucoup plus qu’elle n’avoit aimé sa personne ; que l’aversion qu’elle avoit pour les manières de M. le cardinal de Richelieu, qui étoit aussi pédant en amour qu’il étoit honnête homme pour les autres choses, avoit fait qu’elle n’avoit jamais pu souffrir là sienne[2]. Qu’elle lui avoit vu dès l’entrée de la régence une grande pente pour M. le cardinal, mais qu’elle n’avoit pu démêler jusqu’où cette pente l’avoit portée ;
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