Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

me disant : « C’est assez, mon bon seigneur ; vous ne voulez pas qu’elle sorte ? elle ne sortira pas. À quoi il ajouta en s’approchant de mon oreille : « Elle a les yeux très-beaux. » La vérité est que, quoiqu’il eût exécuté son ordre, il avoit écrit dès la veille a Saint-Germain, que les tentatives en seroient inutiles, et que l’on commettroit trop légèrement l’autorité du Roi.

Je retournai à l’hôtel de Chevreuse, et je n’y fus pas mal reçu. J’y trouvai mademoiselle de Chevreuse aimable. Je me liai intimement avec madame de Rhodes, bâtarde du feu cardinal de Guise, qui étoit bien avec elle. Je ruinai dans son esprit le duc de Brunswick-Zell, avec qui elle étoit comme accordée. Laigues me fit quelques obstacles au commencement ; mais la résolution de la fille et la facilité de la mère les levèrent bientôt. Je la voyois tous les jours chez elle, et très-souvent chez madame de Rhodes, qui nous laissoit en toute liberté. Nous nous en servîmes. Je l’aimai, ou plutôt je crus l’aimer car je ne laissai pas, de continuer mon commerce avec madame de Pommereux.

La société de messieurs de Brissac, de Vitry de Matha et de Fontrailles, qui étoient demeurés en union avec moi, n’étoit pas un bénéfice sans charge. Ils étoient cruellement débauchés et la licence publique leur donnant encore plus de liberté ils s’emportoient tous les jours dans des excès qui alloient jusqu’au scandale. Ils revenoient un jour d’un dîner qu’ils avoient fait chez Coulon ils virent venir un convoi funèbre, et ils le chargèrent l’épée à la main, en criant au crucifix « Voici l’ennemi ! » Une autre fois