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bération. Il lui parla avec une hauteur respectueuse qui ne laissa pas de faire peur à Monsieur, qui n’appréhendoit rien tant au monde que d’être compris dans les éclats de M. le prince, comme fauteur couvert du Mazarin. Il laissa espérer à M. le prince qu’il pourroit se trouver le lendemain à l’assemblée des chambres. Je m’en doutai à midi, sur une parole que Monsieur laissa échapper. Je l’obligeai à changer de résolution, en lui faisant voir qu’il ne falloit plus après cela de ménagement avec la Reine, et encore plus en lui insinuant sans affectation le péril de la commise et du choc, qui dans la conjoncture étoit inévitable. Cette idée lui saisit si fort son imagination que M. le prince et M. de Chavigny, qui se relayèrent tout le soir, ne purent l’obliger à se rendre aux instances qu’ils lui firent de se trouver le lendemain au Palais. Il est vrai que sur les onze heures Goulas à force de le tourmenter, lui fit signer un billet par lequel Monsieur déclaroit qu’il n’avoit point approuvé l’écrit que la Reine avoit fait lire aux compagnies souveraines contre M. le prince, particulièrement en ce qu’il l’accusoit d’intelligence avec l’Espagne. Ce même billet justifioit en quelque façon M. le prince de ce que les Espagnols étoient encore dans Stenay, et de ce que les troupes de M. le prince n’avoient pas joint celles du Roi. Monsieur le signa, en se persuadant en lui-même qu’il ne signoit rien ; et il dit le lendemain à la Reine qu’il falloit bien contenter d’une bagatelle M. le prince, dans une action où il étoit même de son service qu’il ne rompît pas tout-à-fait avec lui, pour se tenir en état de travailler à l’accommodement lorsqu’elle croiroit en avoir besoin. La Reine, qui