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de croire pouvoir être proche, et par l’emportement où il voyoit la Reine, et par le nouvel engagement que je venois de prendre avec elle. Je reviens à la conférence que j’eus avec M. de Châteauneuf par le commandement de la Reine.

Je l’allai trouver à Montrouge avec M. le président de Bellièvre, qui avoit écrit sous lui le mémoire qu’il avoit proposé à la Reine d’envoyer au parlement, et dont il est vrai que les caractères paroissoient avoir moins d’encre que de fiel. M. de Châteauneuf, qui n’avoit plus que quelques semaines à attendre pour se voir à la tête du conseil, comme je vous l’ai déjà dit ci-dessus, joignoit en cette rencontre, à sa bile et à son humeur très-violente, une grande frayeur que M. le prince ne se raccommodât avec la cour, et ne troublât son nouvel emploi. Je crois que cette considération avoit encore aigri son style. Je lui en dis ma pensée avec liberté. Le président de Bellièvre m’appuya : il en adoucit quelques termes, il y laissa toute la substance. Je le rapportai à la Reine, qui le trouva trop doux. Elle l’envoya par moi à Monsieur, qui le trouva trop fort. M. le premier président, à qui il le communiqua par le canal de M. de Brienne, y trouva trop de vinaigre, mais y mit du sel (ce fut l’expression dont il se servit en le rendant à M. de Brienne, après l’avoir gardé un demi-jour). Voici le précis de ce qu’il contenoit : Le reproche de toutes les grâces que la maison de Condé avoit reçues de la cour ; la plainte de la manière dont M. le prince s’étoit servi et conduit depuis sa liberté ; la spécification de cette manière ; ses cabales dans les provinces ; le renfort des garnisons qui étoient dans les places ; la retraite de ma-