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Madame, comme je vous l’ai tantôt dit. Il attendit même au Palais-Royal la réponse du maréchal d’Etampes, qui fut négative, et qui portoit expressément que M. le prince ne se désisteroit jamais de son instance. Monsieur revint donc chez lui fort embarrassé, du moins à ce qu’il me parut. Il rêva tout le soir, et il se retira de beaucoup meilleure heure qu’à l’ordinaire.

Le lendemain, qui fut le mardi 11 juillet 1651, les chambres s’assemblèrent, et M. le prince de Conti se trouva au Palais, fort accompagné. Monsieur dit à la compagnie qu’il avoit fait tous ses efforts auprès de la Reine et auprès de M. le prince pour l’accommodement, et qu’il n’avoit pu rien gagner ni sur l’une ni sur l’autre ; qu’il prioit la compagnie de joindre ses offices aux siens. M. le prince de Conti prit la parole aussitôt que Monsieur eut fini, pour dire qu’il y avoit un gentilhomme de monsieur son frère à la porte de la grand’chambre. On le fit entrer il rendit une lettre de M. le prince, qui n’étoit proprement qu’une répétition de la première.

M. le premier président pressa assez long-temps Monsieur de faire encore de nouveaux efforts pour l’accommodement. Il s’en défendit d’abord par la seule habitude qu’ont tous les hommes à se faire prier, même des choses qu’ils désirent. Il le refusa ensuite sous le prétexte de l’impossibilité de réussir mais en effet, comme il me l’avoua le jour même, parce qu’il eut peur de déplaire à M. le prince de Conti, ou plutôt à toute la jeunesse, qui crioit, et qui demandoit qu’on délibérât contre le reste du mazarinisme. Le premier président fut obligé de plier. On