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une chose qui me surprendroit, quoique cependant elle ne me devoit pas surprendre ; qu’il savoit depuis minuit que le vieux Pantalon (il appeloit ainsi M. de Châteauneuf) traitoit, par le canal de Saint-Romain et de Croissy, avec Chavigny l’accommodement de M. le prince avec la Reine ; qu’il n’ignoroit pas ce que j’avois dire sur cela ; qu’il ne falloit point disputer des faits que celui-là étoit sûr « Et si vous en doutez, ajouta-t-il en me jetant une lettre, tenez, voyez, lisez. » Cette lettre étoit de Châteauneuf et adressée à Croissy, et portoit entre autres ces propres mots « Vous pouvez assurer M. de Chavigny que le commandeur de Jarzé, qui n’est jamais dupe qu’en des bagatelles, est convenu que la Reine marche de bon pied, et que non-seulement les frondeurs, mais que Le Tellier même, ne savent rien de notre négociation. Le soupçon de M. de Saint-Romain n’est pas fondé. »

Vous remarquerez, s’il vous plaît, que Le Grand, premier valet de chambre de Monsieur, ayant vu tomber ce billet de la poche de Croissy, l’avoit ramassé, et l’avoit porté à Monsieur. Il n’attendit pas que j’eusse achevé de le lire, pour me dire « Avois-je tort de vous dire ce matin que l’on ne sait où l’on en est avec ces gens-là ? On dit toujours qu’il n’y a point d’assurance au peuple, on en a menti il y a mille fois plus de solidité dans le peuple que dans le cabinet ; je veux m’aller loger aux halles. — Vous croyez donc, monsieur, lui dis-je, que l’accommodement est fait. — Non dit-il, je ne crois pas qu’il le soit. — Et moi, monsieur, je serois persuadé qu’il ne se peut faire par ce canal, s’il m’é-